« Notre ambition ? Ne plus devoir utiliser d’eau courante à long terme »

Chaque jour, outre nos plats, nous produisons également de grandes quantités d’eaux usées : eau de cuisson, eau de vaisselle, eau de nettoyage, etc. Contrairement aux logements, nous ne pouvons pas simplement déverser cette eau dans les égouts. Elle doit d’abord être assainie. Roberto Morelli, Maintenance, Facility et Fleet Manager, nous fait découvrir le monde merveilleux qu’est notre propre station d’épuration.

Aujourd’hui, la durabilité est un thème incontournable dans toute entreprise. Comment contribuez-vous à la protection de l’environnement ?

Roberto : « Nous œuvrons à la durabilité sur plusieurs fronts, à commencer par une politique responsable en matière de déchets. Elle porte notamment sur le choix des emballages, l’identification des flux de déchets, l’évacuation des eaux, etc. Mais notre consommation d’énergie joue également un rôle majeur. C’est pourquoi nous sommes par exemple passés à un éclairage 100 % LED. Nous avons systématiquement remplacé l’air comprimé par des compresseurs à vitesse variable, et l’azote s’est substitué au fréon pour le refroidissement. Lorsque nous planifions de nouveaux achats, nous recherchons toujours la solution la plus durable. Nos nouveaux cuiseurs à pâtes en sont un bon exemple. Nous nous intéressons également aux bornes de recharge, et étudions l’électrification de nos véhicules de société. Nous optons quoi qu’il en soit pour une approche progressive. La durabilité commence par des choix mûrement réfléchis. »

 

Avec Deliva, vous avez construit votre propre station d’épuration. Pourquoi ce choix ?

Roberto : « L’eau joue un rôle majeur dans notre activité. On en a besoin pour préparer nos produits. Et nous en rejetons aussi beaucoup pour cette même raison, environ 700 à 800 m3 par semaine. Aujourd’hui, la Vlaamse Milieumaatschappij (Agence flamande de l’environnement) impose des normes de rejet tellement strictes que les entreprises alimentaires sont contraintes de traiter leurs eaux. »

 

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L’investissement a-t-il été important ? Tant sur le plan budgétaire que de la mise en œuvre ? 
Roberto : « Oui, le processus a nécessité beaucoup de ressources, mais il a été très progressif. Vous savez, quand j’ai commencé ici à l’époque, nous payions des sommes considérables pour pouvoir rejeter nos eaux. C’était comme ça à l’époque. Aujourd’hui, l’achat d’une telle autorisation est devenu inconcevable, et même si c’était possible, ce serait impayable. Ce faisant, l’épuration des eaux est d’ores et déjà rentabilisée. »

 

Par quoi commence-t-on pour construire une telle station d’épuration des eaux ? Avec qui avez-vous collaboré pour ce projet ?

Roberto : « Nous collaborons depuis le début avec Novotec, une entreprise spécialisée de Merelbeke. Avant, l’épuration des eaux n’était pas possible, nous devions nous contenter d’un séparateur de graisse. Avec notre production actuelle, il serait plein en à peine un jour ! Pour améliorer notre système, nous avons d’abord investi dans un système de prédécantation. Une sorte de grand tamis permettait d’extraire de l’eau les déchets solides, tels que les morceaux de légumes. Ensuite, la graisse était retirée de l’eau par flottation (la graisse était amenée à la surface grâce à de l’air et à une poudre spéciale). Mais en raison de normes de plus en plus strictes, nous avons dû aller plus loin. En fin de compte, nous sommes passés à l’épuration biologique via la technologie membranaire. Nous l’utilisons depuis déjà dix ans maintenant. »

 

Qu’est-ce que « l’épuration biologique » a de si particulier ?

Roberto : « Avec l’épuration biologique, les micro-organismes épurateurs dégradent la pollution directement dans l’eau. Mais ces bactéries ne peuvent survivre que dans des conditions bien particulières. Il faut donc tenir compte de la composition de l’eau. Par exemple, avant, nous traitions beaucoup de viande, qui est naturellement riche en azote. La consommation de viande ayant beaucoup diminué, nous devons désormais ajouter de l’azote, car il est nécessaire au processus d’épuration. »

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L’apparition de la station d’épuration a-t-elle eu un impact sur les collaborateurs ?
Roberto : « Oui, dans le sens où tout le monde doit en tenir compte. Si Quality décide d’utiliser un nouveau produit de nettoyage, ils doivent d’abord m’en aviser. En effet, chaque produit doit être biologiquement compatible avec la station d’épuration. Et si quelqu’un souhaite éliminer un produit, en particulier s’il s’agit d’une grande quantité ou d’un nouveau produit, il doit d’abord en faire la demande. Cela permet une meilleure sensibilisation à la politique en matière de déchets. Nos campagnes de mesure régulières constituent également une bonne piqûre de rappel. »

 

Une telle station d’épuration nécessite-t-elle beaucoup d’entretien ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? 
Roberto : « Bien sûr, un tel système nécessite pas mal d’entretien. En semaine, un collaborateur du service technique y réalise des contrôles plusieurs fois par jour. Si nécessaire, il ajoute du produit, nettoie les filtres, etc. Le week-end, la station est surveillée à distance. C’est possible depuis n’importe où dans le monde. En cas de problème, le système envoie automatiquement un avertissement. »

 

L’avenir de Deliva passe-t-il par l’écologie ? D’autres projets de grande envergure sont-ils au programme ?

Roberto : « Nous travaillons depuis un certain temps sur la consommation circulaire de l’eau. Aujourd’hui, nous sommes déjà en mesure de traiter une partie des eaux souterraines pour en faire de l’eau de ville et l’utiliser dans la production. À long terme, nous aimerions aller beaucoup plus loin et réutiliser nos eaux usées, afin de ne plus devoir consommer d’eau courante, ou le moins possible. Bien sûr, en tant qu’entreprise alimentaire, c’est un projet ambitieux. Mais c’est parfaitement possible. C’est l’avenir, d’autant plus avec les pénuries d’eau que l’on connaît actuellement. » 

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